Tinou

Aujourd’hui, j’ai compris une chose dans le boulot qu’auparavant, je n’avais jamais eu l’occasion de voir : « quoique le client fasse, quoique le client dise… il faut toujours rester formel et totalement impersonnel dans les échanges« . Mon expérience n’a pas payé dans ma situation et je me suis fais avoir comme un bleu, quand bien même on m’avait prévenu. Ca, c’est pour la version officielle.

J’ai, comme qui dirait, été victime de ma culture d’entreprise « jeune et dynamique ». Un choc culturel entre la communication libérale et le formalisme à outrance. D’un côté un client, orientation l’ancienne école, très carré et plutôt connu. De l’autre, moi, jeune d’apparence et au milieu d’un champ de mines dont on m’a dit qu’il existait un plan mais sans pouvoir me le donner. De mes 3 ans d’expérience, de mes multiples contacts clients, de mes 21 mois de stage, je n’ai jamais rien vu de semblable dans les proportions que ca a pu prendre.

L’histoire avait commencé d’un mauvais pied mais semblait, bon an mal an, repartir sur de bonnes bases. C’était la première alerte où j’ai été jugé sur la forme avant de l’être sur le fond. Un simple alerte qui, déjà, remontait jusqu’au oreilles des plus hauts dirigeants.
Le fond… la forme… C’est justement ça qui allait me trahir une deuxième fois. Le formalisme professionnel du client « vieux jeu » qui montre plus d’importance à la forme qu’à la matière propre. Quelle erreur lorsque, dans un mail, j’ai osé utiliser le « tu » plutôt que le « vous ».

Certes, on pourra me dire que ca ne se fait pas. Que la relation avec le client doit rester formelle et très lisse. A ma décharge, le contexte est spécial car je tutoie prêt de 20 personnes de tout niveau hiérarchique sur place, que la discution et l’ouverture d’esprit dont je dois faire preuve est indispensable et me permet de tutoyer plus facilement les gens… Bref … quelque soit le contexte et les raisons qui m’ont poussé à tutoyer la personne, j’ai mal évalué le contexte avec cette personne et j’accepte d’être condamné … mais pas à la guillotine !

Et c’est justement là tout le problème pour moi : ce mail est devenu une affaire d’état. Voila que l’histoire remonte les hautes sphères hiérarchiques au point de m’entendre dire que c’est une grave erreur et qu’il s’en faut de peu que ma mission avec eux s’arrête là. J’en viens même à compromettre mes chances pour la suite ! De là, tous mes supérieurs s’empressent de m’excuser et m’ordonnent me confondre en excuses également. … Et la culotte avec ?!

Se rend-on bien compte de quoi on parle là ?! Je me permet de le redire « j’ai tutoyé une personne ».  Alors oui, il s’agit d’une personne d’une certain niveau hiérarchique, une personne qui a des responsabilités, à qui on doit surement du respect … mais de là à demander à ce que je ramasse la savonette, il y a un monde ! Dans quelle société vit-on ?! Quelle est cette culture d’entreprise où chaque espace de communication est un lieu de bataille et où chaque mot revet une importance capitale dans cette guerre ?! Je n’irait pas jusqu’à sortir les vieux clichés Paris / Province mais je n’en suis pas loin.

J’ai toujours fait attention aux mots que j’emploie quand j’écris mes mails professionnels car il est toujours possible que cela ressorte dans des moments de tension. Mais là, j’ai l’impression qu’on m’a mis au milieu d’un conflit qui avait déjà démarré et où on m’attend au premier tournant.

Bref, quoique je puisse penser et quoi que je fasse… j’ai commis une erreur mais dans mon référentiel et dans le système de valeur de mon secteur et de ma boite, je ne pense pas qu’il faille en faire un drame national. J’ai un goût amer dans la bouche … j’ai bien l’impression qu’on m’a dit de marcher sur des oeufs qui étaient, de toute façon, déjà cassés. Et c’est bien ca qui m’agace dans cette histoire.

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